Ce jeudi 16 janvier 2025, Amadou Gaye, président de l’Association nationale des boulangers du Sénégal (ANBS), a tenu une conférence de presse pour exposer les nombreuses difficultés que traverse le secteur de la boulangerie depuis la baisse du prix du pain, imposée par l’État le 21 juin 2024. Selon lui, cette situation met en péril un pan entier de l’économie nationale.
Amadou Gaye a rappelé que la baisse de 25 francs CFA sur le prix du pain n’a pas été accompagnée par une réduction suffisante des coûts des intrants. Si le prix de la farine a été abaissé de 4 000 francs CFA, les boulangers avaient exigé une baisse de 7 000 francs CFA. Ce différentiel de 3 000 francs CFA aurait dû être compensé par des baisses sur d’autres intrants comme la levure ou les améliorants, mais cela n’a pas été fait.
Outre le problème du coût des matières premières, les boulangers dénoncent la hausse des prix du gasoil, les retards dans la délivrance des quotas de carburant, ainsi que l’augmentation insupportable des tarifs de l’électricité. À cela s’ajoute une concurrence déloyale liée à l’absence de réglementation stricte sur la distribution du pain, notamment par les livreurs informels (pousse-pousse).
« Aujourd’hui, près de 80 boulangeries ont fermé leurs portes à cause de ces difficultés », a déploré Amadou Gaye.
Face à l’ampleur de la crise, l’ANBS demande au gouvernement d’appliquer le décret 22-77 du 31 décembre 2019, qui vise à réguler le secteur, notamment par l’instauration de licences pour les boulangers et une meilleure organisation de la distribution.
Le 14 janvier dernier, les représentants de l’ANBS ont rencontré le ministre des Industries, qui a promis des actions concrètes. Cependant, Amadou Gaye estime que le problème dépasse les compétences du ministère du Commerce. « Nous interpellons le président de la République et le Premier ministre pour convoquer un conseil interministériel, car seule une approche globale permettra de sauver le secteur », a-t-il insisté.
L’ANBS propose notamment de renforcer les comités de suivi des boulangeries, actuellement sous la gouvernance, et de lancer un plaidoyer à l’approche des élections locales pour trouver des solutions concrètes et pérennes.
Pour les boulangers sénégalais, la survie de leur secteur dépend désormais d’une mobilisation rapide et coordonnée de l’ensemble des ministères concernés. Le pain, produit social et vital pour la population, ne peut être laissé à l’abandon.